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Mes écrits

Mes récompenses 2025

Une mère ordinaire, poème

Est-ce donc le fardeau de ma génération ?
Devrais-je m’accabler pour cette démission ?
Me marquer au fer rouge d’une honte éternelle ?
Continuer à vivre comme dans un grand sommeil ?

Défaut de vigilance, stupide aveuglement ?
J’ai cru nos droits acquis, et le danger absent.
J’ai vécu insouciante et je n’ai pas lutté,
j’habitais dans une bulle si calme et protégée.

Mais des femmes sont brisées pour dévoiler leurs traits,
des femmes sont violées même dans leur foyer,
sous des bombes aveugles des enfants sont tués,
et même pour des idées on est emprisonné.

Les ogres extrémistes veulent nous dévorer,
nos gouvernants cyniques pratiquent l’immunité,
le vivant est pillé pour rentabilité,
et les mensonges se muent en post-vérité.

Que ce monde m’effraie,
je voudrais l’embellir,
je voudrais l’apaiser,
et je ne peux m’enfuir.

Face aux irresponsables, et face aux faux prophètes,
qui supposent que leurs forces sont dans leurs mitraillettes.
Pour pouvoir rester maître de toutes nos opinions,
pour vivre à découvert, montrer nos sensations.

Face à l’intolérance et à l’obscurantisme,
face à la tyrannie, déni du pacifisme,
je veux quand même croire et rêver d’avenir,
et ne peux supporter qu’il rime avec haïr.

Les rancunes des Hommes, au fond de moi se terrent,
leur emprise, leurs bassesses, et toutes leurs colères.
Je porte en moi leurs crimes et leur impunité,
et reste bien tapie cette duplicité.

Je ne suis qu’une femme, une femme ordinaire,
je ne suis qu’une mère, je ne suis qu’une grand-mère.
J’ai été bien docile mais je vais me lever,
pour dissiper l’opprobre, retrouver ma fierté.

Mais ce monde est blessé,
je voudrais des poèmes,
pour le réconforter,
pour effacer les haines.

Face à cette folie qui court comme un cancer,
je me lève et je crie, tous les mots qui libèrent.
Je dépose une requête, pour un futur paisible,
c’est le vœu de mon cœur, même s’il est impossible.

Je crie mon impuissance et ma désolation,
pour trouver du courage, louer l’insoumission.
Je voudrais de ce cri qu’il résonne et fédère,
pour appeler à l’aide, pour que cessent les guerres.

Dans ce cri est ma force, et c’est toute ma rage,
c’est le cri des entrailles, il n’y a plus de blocage.
Il y a mon féminin, il y a mon masculin,
c’est le cri d’une vie, c’est le cri du trop-plein.

Je prie pour mes enfants, pour mes petits-enfants,
et pour tous sur la Terre, un monde bienveillant.
Je prie pour toutes les mères, et toutes les grands-mères,
pour que cela ne reste, une éternelle chimère.

Mais que ce monde est beau,
rendons-le solidaire,
créons-nous un joyau,
et non pas un enfer !

Je crie avec mes mots, que je lance à la ronde,
pour qu’ils raclent enfin, les renoncements du monde.
Je rêve pour que naisse, une trêve éternelle,
qui aurait la beauté, d’un immense arc-en-ciel.

Médaille d’or au concours de poésie organisé par l’association
Fils et Filles de la République de Créteil à l’occasion de la
Journée Internationale des Droits des Femmes du 8 mars 2025 

Une anti-Saint-Valentin (Terre brulée), poème

Encore cette année, je n’aurai pas de fleurs,
ni de message doux, qui attendrit mon cœur.
Je ne pourrai goûter, un diner, un poème,
qui me ferait rêver, à des petits je t’aime.

C’est une maison vide et emplie de silence,
qui m’attend chaque instant, teste mon endurance.
Et c’est un lit sans âme que je rejoins le soir,
sans désir ni caresse, lieu de mon désespoir.

Alors je pense à ceux, qui désirent une danse,
ne cessent de nourrir, une telle espérance.
Alors je pense à ceux, qui convoquent la chance,
et laissent le destin, leur offrir carte blanche.

Puisque passe la vie, et se comptent les jours,
les rides du visage et le manque d’amour.
Puisque passe le temps, défilent les années,
devrais-je renoncer, ou pire me résigner ?

Mais qu’importe mon âge, qui règne en tyran,
car tout au fond de moi, je reste comme avant.
Dans le creux de mon âme, la flamme encore brûle,
l’espérance sommeille, retient le crépuscule.

Mais tout au fond de moi, je crains les alentours,
je voudrai ignorer, tous ces élans d’amour,
et ces exhibitions, cette fête maudite,
qui souligne un peu plus, mes cruelles suppliques.

Dans mes rêves secrets, l’éruption volcanique,
de mes passions d’antan, mes ébats impudiques.
Le volcan n’est pas mort, il est juste assoupi,
et il guette son heure, vaguement attendri.

Il suffit d’une braise, ou d’un inattendu,
la lave jaillira, vers le grand inconnu.
Ma porte reste ouverte, mes fenêtres éclairées,
une nouvelle histoire, peut sans doute briller.

Et c’est là la sagesse, de toujours s’émouvoir,
de cultiver ses dons et enrichir l’espoir,
et ne chercher ailleurs, les cadeaux, les trésors,
tapis au fond de nous, comme des mines d’or.

La vie est surprenante, et construite d’énigmes,
et pourquoi ne pourrais-je, troquer mon paradigme ?
Je me prends à rêver, d’une onde tectonique,
qui me dessinerait, un futur aurifique.

L’âge ne change rien, quand le tempérament,
depuis la tendre enfance, est sans cesse vibrant.
Une terre féconde, même si elle a brûlé,
reste encore fertile, et tout peut repousser.

Et c’est là la sagesse, de toujours s’émouvoir,
de cultiver ses dons et enrichir l’espoir.
Et dans le creux du soir, je jongle avec les mots,
Et j’appelle la douceur, trace l’eldorado.

Une Anti Saint-Valentin est la version longue de Terre Brûlée,
édité dans Les Miscellanées Poétiques 2025 de l’association Paroles Vives,
lors du printemps de la poésie

Le chemin de mon âme, poème

Je rêve d’un chemin, je rêve du grand soir,
quand bien guérie de toi, je reprends le pouvoir.
Je sècherai mes pleurs, rangerai mes mouchoirs,
je me décide enfin à te dire au revoir.

Je rêve d’horizon et d’un havre de paix,
mais dans mon cœur banni, l’espérance est cloîtrée.
Au creux de l’infortune, je demeure confinée,
Et tel un petit chien, j’obéis, reste au pied !

J’avais rêvé d’amour qui rime avec toujours,
j’en dessinais les courbes, maitrisais les contours.
Mais je ne veux plus être, conteuse ni troubadour,
après tous tes mensonges, il n’y a pas de retour.

Du haut de ma lucarne, je me vois naviguer,
je rêve d’avenir, de grandes épopées,
mais je suis immobile, captive du passé,
prisonnière du phare où je suis enfermée.

La tristesse et l’aigreur ont creusé leur labour,
de cette maladie qu’est le chagrin d’amour
Mon entrain, mes envies ont été engloutis,
ma joie, ma bonne humeur, y ont aussi péri.

Je sens au fond de moi, une force qui vibre,
je dois la convoquer pour me retrouver libre,
repérer la sortie de ce monde de ténèbres,
ou bien être emportée par les pompes funèbres.

Que dirait-on de moi à mon enterrement,
et qu’écrirais-je donc en dernier testament ?
Morte d’avoir vécu en l’absence d’elle-même,
et d’avoir composé d’inutiles poèmes ?

Il est bien tortueux, le chemin de mon âme,
et je dois surveiller que mes pas ne s’enflamment.

Édité dans l’anthologie « Murmures sous le Pont de Consuls 2025 »
de l’association Paroles Vives, lors du printemps de la poésie.

En toute innocence, nouvelle

Je ne devrais pas vous le dire mais…, me dit-il sous le ton de la confidence.
Pourquoi s’adressait-il à moi ? Je restai là, interdit, comme un lièvre dans les phares de la voiture, les yeux emplis de terreur, un étendard pris dans le vent de la médisance. Un vent qui se levait, qui promettait violence et désolation. Ça bouillonnait en moi, une colère que je n’avais pas vu venir, un tourbillon qui me dévastait. Les mots qu’il n’avait pas encore prononcés, mais que j’entendrais, sûrement, les mots dont je devrais me protéger. Et je me récitais tout ce que j’aurai dû lui répondre, tout ce que j’allais devoir affronter. Parce que la rumeur est bien pire que le crime, elle brûle toutes les innocences, toutes les présomptions, elle pille sans aucune limite, sans aucune justice. Mon cœur s’emballait, je devrais crier, me défendre, mais mes hurlements résonnaient juste dans ma tête : « Alors, ne dites rien ! Mais quoi ! Qui voulez-vous trahir sous prétexte de la vérité ? Que devrais-je savoir qui justifie cette délation ? Êtes-vous bien sûr que l’on parle de vérité ? Et toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? À quel prix ? Votre réalité, est-elle la vérité ? Vous-même, que gagnerez-vous à cette divulgation ? Une notoriété fugace ? Pensez-vous au malheur que vous allez provoquer ? Croyez-vous alors que vous devriez me le dire ? C’est à vous de choisir ! Réfléchissez ! Mais c’est déjà trop tard… ceux à qui vous l’avez révélé — car je ne suis pas le premier n’est-ce pas ? — ceux-là sont assaillis de curiosité, cette soif malsaine, intarissable, et la machine à broyer est en route. Avez-vous vérifié vos sources ? Et le pouvez-vous ? Le souhaitez-vous ? Et ce que vous allez dénoncer, savez-vous réellement qui cela concerne ? Ah, vous l’ignoriez ? Eh oui, cela arrive, parfois, de se confier à la mauvaise personne, d’être pris dans le piège de sa propre faiblesse ! »
Je frissonnais, et pourtant, je ne bougeais pas, déjà vaincu, si vulnérable, les mots prisonniers. Avais-je la force de lutter ? J’aurais voulu disparaître, devenir sourd, m’enfermer ailleurs.
Je me détournais de lui et je murmurais : « Je vous maudis, vous et tous les autres ! »
Car je savais bien que ma vérité n’intéressait personne.

1er prix du défi d’écriture « Écris-tu ? »
organisé par la Mairie de Caylus et la Médiathèque Paul Faur.
Mai 2025.